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Annapurna Mandala Trail au Mustang 2017 (AMT : 300kms et 15000m de dénivelé positif en 10 étapes.
En avril 2015, j'ai reçu un mail de Bruno Poirier, la cheville ouvrière des Chevaliers du Ciel, me proposant de participer à l'AMT au Mustang. A ce moment là, je n'avais pas donné suite, car je n'avais aucune idée de la façon dont je supporterais les effets de l'altitude... Un des pré requis étant d'avoir une expérience de la haute montagne, ou la réalisation d'un test en hypoxie.
En septembre 2016, je suis parti faire la course à étapes de Gérard Verdenet, en Equateur, avec des étapes dans les Andes, à plus de 4000 mètres. Lors de cette épreuve, je n'ai pas ressenti de malaise particulier, si ce n'est, comme pour tout le monde, le souffle plus court, voire beaucoup plus court! surtout si on fait l'erreur de vouloir accélérer brusquement la cadence!
Et puis, cet AMT 2017, Sophie (mon amie de course depuis 2003 à Monument Valley) et Marko (pisteur sur la course en Equateur) me l'avaient bien vendu! Tous les 2 avaient déjà couru dans l'Himalaya (Sophie une fois et Marko 6 fois).
Tout a donc commencé par un mail de Christophe Le Saux (que j'ai connu sur la Guadarun 2007), en février 2017, me proposant d'être de la partie du 6 au 23 octobre. Mail auquel j'ai répondu par retour que j'en serai... Dès lors, je me suis mis en condition tant physique (ce serait le point d'orgue de cette saison de course 2017) que psychique car j'ai besoin de me projeter, de prévoir ce dont j'allais avoir besoin pour vivre au mieux ces étapes de 17 à 45kms, en altitude avec port du matériel et des vêtements soit courir avec 7kg dans le dos plus 1.5 litres d'eau).
Une quinzaine de jours avant le départ, j'ai reçu un mail de Bruno Poirier, me proposant d'être médecin de la course en l'absence du médecin habituel des Chevaliers du Ciel (et hop, un sujet de pression supplémentaire!), ce que j'ai accepté et qui m'a obligé à réfléchir au matériel qui allait potentiellement être nécessaire pour assurer au mieux cette mission.
Au départ de Roissy, le 6 octobre à 22h, Bruno Poirier était présent pour nous remettre une dotation de Raidlight, sponsor de la course. Pour ce qui nous concerne, Sophie, Marko et moi, vol Paris-Dehli puis correspondance Dehli-Katmandou.
Le 7 au soir a vu converger à l'hôtel Manaslu, à Katmandou, des coureurs venus par avion, de nombreux horizons en métropole, de l'Ile de la Réunion ainsi que 4 coureurs népalais invités par l'organisation.
Après un contrôle du matériel obligatoire (liste en fin de récit) hors la pharmacie qui, elle, sera contrôlée plus tard, à l'arrivée à Dana en même temps que je réaliserai, à chaque participant, un interrogatoire médical, un contrôle tensionnel et clinique, ainsi qu'une prise de saturation en oxygène, nous prenons un premier diner, tous ensemble.
Le lendemain matin, nous nous rendons à l'aéroport pour rejoindre Pokhara avec un petit avion bimoteur. Nous déposons quelques affaires, à la bagagerie de l'hôtel "Lake view", pour nous changer au retour de notre boucle au Mustang. Puis nous montons dans un bus pour Dana soit 6 heures de piste défoncée pour 110 kms...
C'est au lodge de Dana, que sont réalisés les contrôles de la pharmacie obligatoire pour que chacun puisse soigner ses petits bobos (liste en fin de récit) et l'examen médical des coureurs. Tous, pour s'inscrire à l'AMT, ont du remplir un questionnaire et produire un certificat médical de non contre indication à la course à pied en altitude (liste des conditions d’inscription en fin de récit). Après le repas, le trio dont je fais partie, gagne sa chambre, éreinté par l'éprouvant trajet en bus.
Lundi 9, lever 7h, petit déjeuner 7h30 et départ de la course à 8 heures. Les 2 participants, inscrits en tant que marcheurs, Florence et William, feront 17kms, alors que les coureurs feront 39kms 1750m de dénivelé positif (D+). Cette première étape (Dana 1440m d'altitude-Marpha 2650m d'altitude), parcourue de bout en bout avec Sophie, s'avérera être difficile physiquement. Beaucoup de poussière sur les pistes et sentiers et des côtes parfois très raides et surtout très longues sans passage plus doux. Lors du dernier raidillon, je sens les crampes arriver, malgré une importante hydratation. Il faut dire que, blessé mi août, je n'ai pas pu m'entrainer sur de longues distances comme je l'avais prévu.
Le lodge est sympa; Il y a de l'eau chaude pour la douche (un luxe, on le verra plus tard). Tous les 3 (Marko est arrivé peu après nous), nous prenons une assiette de mo-mo (raviolis maison, cuits à la vapeur composés d'une enveloppe de pâte et fourrés de légumes ou de viande de poulet ou de bœuf). Chambre triple encore ce soir. Nous dinons tous ensemble à 19h30 puis nous ne trainons pas et nous couchons tôt, car demain, mardi 10/10, l'étape (Marpha-Chele 3070m d'altitude) fera 29 kms, avec 1000 de D+ et 600m de dénivelé négatif (D-), en toboggan, avec un finish très raide. Lors de cette étape, nous allons passer d'un univers "végétal" à l'univers "minéral" du Mustang...
Il fait frais au départ à 8h. Les manchettes sont de rigueur puis après 1/2 heure, le soleil nous assomme dans une vallée très encaissée au fond de laquelle coule un torrent dont le lit majeur fait au moins 300 m de large. Ce qui laisse imaginer les volumes d'eau qui descendent par là en période de mousson (juillet à septembre). Nous traverserons Jomson (lieu d'arrivée de la dernière étape), Kagbeni, village dans lequel nous croisons de nombreux moines, à proximité d'un superbe monastère dont les peintures de décoration sont en restauration. L'arrivée est jugée à l'entrée du lodge, à Chele, village très haut perché auquel on accède soit par une piste qui serpente et allonge la distance, soit par un sentier hyper pentu... c'est cette option que l'on retient.. Sophie, en difficulté lors de la dernière "ascension", arrive juste derrière moi et Marko, qui n'avait pas de jambes aujourd'hui, ensuite.
Nouvelle chambre à 3 lits. Sophie a un peu d'eau froide pour se laver. Quand je suis prêt à y aller... la citerne est vide! j'ai juste un filet d'eau pour laver l'essentiel... Repas 19h après un court briefing sur ce qui nous attend le lendemain et extinction des feux à 21h.
Le 11/10, l'étape est courte (Chele- Giling 3575m d'altitude) 20kms pour1300m de D+ et 790m de D-, mais le départ est violent! 600m de D+ en 6kms puis descente très raide. Un stop and go est prévu pour visiter une grotte. Nous nous arrêtons trop longtemps (45mn); je n'ai pas de jambes en repartant à destination d'une rampe de 2kms pour passer un col; puis c'est la bascule sur le village de Giling, en contrebas après 3kms de descente. Nous avons convenu avec Damien, le coordinateur entre le staff népalais et les coureurs et Christophe, le responsable sportif, de faire un contrôle de saturation en oxygène avant le briefing et le diner. On est à 3575m d'altitude. La 1ère saturation avait été prise à Dana, à 1440m. La sat la plus basse est à 85% et la plus haute à 99%! J'en profite pour rappeler une nouvelle fois les symptômes du mal aigu des montagnes (MAM). Nous ne sommes pas égaux face à l'hypoxie, aussi, les étapes ont été prévues de telle façon que l'on monte régulièrement, dormant de plus en plus haut. Le point d'orgue de cet AMT étant la montée au Thorong pass (5400m d'altitude)... par ailleurs, pas de soucis médicaux majeurs (ampoules, contractures musculaires, troubles du transit ainsi que quelques soucis de pharyngites et bronchites en rapport avec la chaleur et la poussière omniprésente).
Jeudi 12/10 l'étape entre Giling et Dhakmar 3820m d'altitude sera courte: 12kms pour 700m de D+ et 483m de D-, mais je me méfie. Ca commence par une montée très raide qui nous mène à un col, à 4052m d'altitude puis une descente interminable, régulière, mais casse patte puis nouveau col et enfin descente sur le village de Dhakmar.
Pour cette étape, 2 groupes ont été constitués par Damien et Christophe. Le premier part à 8h30 et le 2ème à 9h. Je suis 10ème au classement général, aussi, je pars dans le 2ème groupe alors que Sophie (12ème) et Marko (un peu plus loin) sont dans le 1er groupe. Je suis donc le plus "faible" du 2ème groupe. Je m'oblige à monter vite le 1er col, espérant reprendre le dernier du 1er groupe dans la montée... en fait, je ne reviendrai sur les derniers qu'en bas de la descente qui suivra... d'abord Florence et Hélène, puis Marko et, enfin en montant vers Dhakmar, Thierry et Catherine, puis Christine, à 200m de l'arrivée!!! Il a fait très très chaud; un vent violent a été omniprésent. C'est d'ailleurs ce dernier qui a sculpté les paysages magnifiques traversés.
Dhakmar est une véritable oasis, du fait de la présence d'un torrent (dans lequel on se lavera, car il n'y a pas d'eau chaude au lodge). C'est aussi un cul de sac; il n'y a pas de piste au delà. Ce bijou est préservé, avec ses falaises majestueuses et ses troglodytes impressionnants, laissant voir 4 niveaux d'ouvertures (fenêtres et portes). L'autre particularité des lieux , c'est les cultures en terrasse, travaillées par des bœufs attelés par un joug et guidés par 2 hommes; l'un devant dirige les animaux en tirant sur un anneau passé dans les naseaux, l'autre aligne la charrue sur le sillon et frappe les bêtes avec un long bâton... Sophie qui assiste à ce spectacle est révoltée, mais c'est la dure vie des paysans et des animaux dans ce bout de terre.
Le vendredi 13/10, l'arrivée sera jugée à Lo Mantang 3810m d'altitude, ancienne capitale du royaume du Mustang également appelé le "royaume interdit" du fait des difficultés d'accès et des règlementations drastiques sur la délivrance des permis de trek. Dans cette contrée autrefois sauvage, de nombreuses pistes ont été tracées ou sont en cours d'aménagement... pour que les touristes puissent accéder plus facilement aux sites autrefois préservés.
Un roi a régné sur le Mustang de 1350 à 2008, date à laquelle la monarchie a été abolie, car, au Népal, une révolution maoïste réclamait plus de démocratie. Le fils de ce roi n'a jamais été sacré.
Debout 7h, petit déjeuner 7h30, et, comme hier, départ en 2 vagues. J'ai décidé, avec l'aval du staff, de partir dans le 1er groupe, car j'ai mal vécu la journée d'hier, "en chasse patate".
Dhakmar étant un cul de sac, nous en sortons par un col très étroit et long de plusieurs kilomètres, qui nous mène à 4100m d'altitude. Suit une descente est régulière vers le plus vieux monastère du Mustang à Ghar Gumpa où est réalisé un stop and go. Avec Sophie, forts de l'expérience du trop long arrêt aux grottes, l'avant veille, nous décidons de continuer sans nous arrêter. Les explications du briefing de la veille étaient claires pour nous... il ne fallait pas emprunter le sentier direct qui était soit disant barré, mais contourner le village et monter à gauche. C'est ce que nous avons fait; sauf que le baliseur népalais, sensé nous orienter n'était pas à son poste. Aussi nous avons grimpé selon les instructions, alors que le reste de la troupe, sur les conseils de Damien prenait le sentier sensé être barré; menant tous les coureurs à Lo Matang en 16kms!!! Pendant ce temps là, nous avons crapahuté et fait 21kms pour 1060m de D+ et 980m de D-, aussi, c'est avec plus d'une heure de retard que nous sommes arrivés et que nous avons trouvé Damien et Marko qui se prenaient la tête!
Après une bonne douche chaude et avoir rincé nos affaires de course, nous sommes allés manger "en ville", dans un petit restaurant népalais. Au menu: mo-mo légumes et fromage et chowein (ce sont des pates) légumes et fromage. C'était délicieux.
Le samedi 14/10 est un jour de repos à Lo Matang; aussi, on en profite pour faire une grasse matinée. Petit déjeuner à 8h30. Une course, à laquelle sont invités à participer les enfants, est organisée. Ce sera l'occasion de donner les affaires scolaires apportées par le staff français.
Sophie, Marko et moi avons décidé d'aller à Garphu à pied, par la piste, alors que d'autres groupes rejoindront ce village en 4x4. Il fait frais en raison d'un vent violent qui tourbillonne et qui soulève de la poussière et le sable du chemin. Nous traversons plusieurs villages et des cours d'eau par des ponts suspendus népalais. Nous prenons un thé dans un bouiboui à Garphu, puis nous revenons sur Lo Matang en longeant des falaises percées de troglodytes, encore actuellement, habités. Nous déjeunons en ville vers 15h30, de noddle (pates instantanées chinoises à réhydrater) recouvertes d'une omelette coupée en petits morceaux. Après briefing et repas, nous nous couchons à 20h30.
Le dimanche 15/10, nous partons en 2 vagues. Après une bonne nuit, je suis en forme. Le départ est donné à la sortie de Lo Mantang. L'étape a été raccourcie, en raison de la présence de passages dangereux. Le finish se fera à Konchok Ling 4100m d'altitude. En allant à Garphu, hier, à pied, nous avons reconnu une partie du tracé du jour, aussi, nous sommes confiants. En fait, nous courons en groupe, avec Damien. On shunte le contrôle intermédiaire (où seuls 7 coureurs pointeront)... ce qui nous fera arriver très en aval de Garphu et du pont suspendu que l'on devait traverser. J'essaie de retrouver la piste pour Konchok Ling aperçue la veille, mais je descends trop en aval jusqu'à un village. Lorsque je constate mon erreur, je fais demi tour, un peu énervé... et trouve Adeline et Sophie qui, comme moi, jardinent!!! Résultat, au moins 5kms de trop pour nous. Une fois remis sur le bon chemin, on remonte un cours d'eau à sec, sur le bord duquel je vois plusieurs vautours dépecer ce qui me semble être une carcasse d'animal. Je sors mon portable et fais quelques photos en me rapprochant. C'est alors qu'un homme s'interpose et lance des cailloux dans ma direction. En fait, les vautours étaient en train de manger les restes d'un cadavre humain...
Après ce triste spectacle, on attaque une côte très très raide qui nous mène à l'arrivée, avec un point de vue magnifique sur la chaine des Annapurna.
Retour neutralisé entre Konchok Ling et Lo Mantang que nous parcourons, Sophie, Marko et moi, avec Adeline et Romain le 1er au général et récent vainqueur du GRP (grand raid des Pyrénées de 220 kms...) Le vent souffle très fort et projette sable et poussière, nous progressons casquette vissée sur la tête, lunettes et buff en protection du visage.
Le lundi 16/10, après une 3ème nuit dans le même lodge, il fait beau, je me sens bien, il fait frais au départ de Lo Mantang, obligeant à mettre le coupe vent et les manchettes. Je pars à mon rythme. On commence par descendre au niveau du torrent puis c'est une montée de 2kms suivie d'une descente très technique dans du sable et des galets, dans laquelle Sophie me rattrape; elle est à l'aise, contrairement à moi qui préfère monter! La fin de cette étape courte de 16kms pour 650m de D+ et 830m de D- est située dans le village de Yara Gaon, à 3530m d'altitude, blotti au fin fond d'une vallée. Le lodge est spartiate; pas d'eau chaude ni électricité pour recharger portables et montres GPS pour ceux qui en ont une. De toute façon, il n'y a ni réseau ni wi-fi...
Mardi 17, c'est une nouvelle étape courte qui se présente 18kms avec 800m de D+ et 1100m de D-. Nous allons rejoindre Tangee à 3240m d'altitude. On commence par une longue montée. Il fait frais au départ, le ciel est couvert, mais il se dégage vite. Puis on bascule dans une vallée. Lors du briefing, il nous a été dit qu'il faudrait se déchausser pour traverser le torrent. En fait, 2 népalais nous aident à passer sur des pierres qui émergent un peu. Puis il faut grimper à nouveau un col qui n'en finit pas. Je marche seul dans cette longue montée. Romain, parti dans le 2ème groupe, m'a repris dans la descente. Je suis impressionné par son aisance et sa technique. Juste derrière lui, arrivent le premier népalais, puis Damien, puis Christophe et Bertrand. Sophie est derrière moi, elle peine en montée, mais va vite en descente. Marko marche avec un rythme très soutenu plus qu'il ne court. Après 3 heures de course environ, on arrive à Tangee vers 11h30. Là encore, douche froide, pas d'électricité ni réseau wi-fi. Demain, ce sera l'étape marathon avec 45kms annoncés et 2500m de D+!!! Je charge malgré tout mon portable pour pouvoir utiliser l'application Maps me avec mon petit chargeur solaire. On déjeune de grosses assiettes de fried rice et tuna. C'est très bon et moins gras qu'habituellement. Le soir, briefing précis; il ne s'agit pas de faire des kms supplémentaires.
Mercredi 18 octobre: lever 4h30, petit déjeuner à 5h et départ à 5h30, à la pointe du jour. Après un col à plus de 4100m d'altitude d'où l'on peut, d'un seul coup d'œil, se représenter la boucle que l'on aura effectuée au Mustang (les premières étapes sont orientées Sud-Nord jusqu'à Lo Mantang, puis Nord-Sud pour aller jusqu'à Jomson), on parcourt une merveilleuse corniche de 8kms, avec une vue dégagée, puis une descente de 8kms, menant au village de Tetang (2810m d'altitude) avant d'attaquer un 2ème col à 4100m. Ce 2ème col est fastidieux à monter, car il n'existe pas de perspective visuelle. Cependant, arrivé au dessus, on aperçoit la petite ville de Muktinath, ville étape, située à 3760m d'altitude. La descente nous a été annoncée longue et laborieuse par Marko qui l'a déjà pratiquée. Je suis 7ème de l'étape marathon qui fera finalement 39kms avec 2600m de D+ et 2300 de D-, et toujours 10ème au général. Nous appréhendions tous cette étape, sous un soleil de plomb, qui s'est finalement bien déroulée, tout le monde est arrivé avant la nuit!
Notre lodge est de qualité, il est situé non loin du Bob Marley lodge, rendez vous des babas cool locaux et de passage! Nous y prendrons un pot après une douche chaude et un casse croute bien mérité!
Demain, l'étape est neutralisée, elle ne sera pas chronométrée. Elle consiste en un aller et retour"sec" entre Muktinath (3760m) et Thorong pass (5416m) soit 1650m de D+ en moins de 10kms. Aussi, avant le briefing et le diner, on fait un nouveau contrôle de saturation et je répète les consignes à respecter en cas de maux de tête, nausées, démarche ébrieuse... signes de mal aigu des montagnes. Si un quelconque de ces signes apparait, il est impératif de redescendre; d'autant que l'on n’a pas de caisson mobile pour traiter un MAM éventuel. Diner sous forme de buffet. Les plus jeunes servent la soupe aux plus anciens!!!
Jeudi 19/10, c'est l'une des étapes qui m'a fait rêver quand je me suis inscrit à l'AMT... On part à 8heures après un bon petit déjeuner. Il fait frisquet, mais dès que le soleil se montre, on retire le coupe vent. La montée est régulière, mais Sophie n'est pas bien. Marko reste avec elle. Ils montent à 5000m puis ils rebroussent chemin. Quant à moi, j'ai des jambes aujourd'hui, je mets 4heures15 pour arriver au col. Je fais de nombreuses photos, je prends un thé dans un petit abri, au sommet avec Bihm et William qui me suivaient. Après une heure passée au dessus et ne voyant pas arriver Sophie et Marko, je redescends et croise le reste de la troupe qui monte à la queue leu leu. Caro me fait la remarque que je ne suis pas resté en serre file... Tout le monde va bien! Hélas pour eux, Adeline et Romain sont restés au lodge, en raison de troubles digestifs.
C'est en descendant que j'apprends que mon père (90 ans) a fait une chute et s'est cassé le fémur. Mes 2 frères tentent de me joindre, mais le téléphone ne passe pas... J'aurai finalement des nouvelles par ma mère et par mon associé, Benoit, qui a super bien assuré sur ce coup là!!!
Puis je retrouve Sophie et Marko, après une bonne douche chaude, au Bob Marley lodge où la chaine hi-fi débite du reggae en continu.
Vendredi 20/10: dernière étape de Muktinath (3760m d'altitude) à Jomson (2750m d'altitude) soit 27.6kms et 986m de D+ et 1813m de D-. Il sera obligatoire de passer par Lupra (2790m d'altitude). On commence donc par gravir un col à 3935m puis descente sympa vers Lupra, après passage d'un pont suspendu, nous descendons dans le lit d'un torrent que nous traversons à gué, Sophie, la première des népalaises, partie dans le 2ème groupe et moi. Après avoir emprunté un autre pont encore plus bas que Lupra dans la vallée, nous grimpons un dernier col dont on ne voit pas le bout, à 3500m d'altitude; suivi d'une descente infernale et vertigineuse dans des galets, du sable et à travers une végétation basse pleine d'épines. Sophie et moi y faisons de nombreuses chutes sur les fesses… L'entrée dans Jomson n'est pas simple et nous nous trompons une dernière fois en traversant pour rien un pont, puis après avoir jardiné, nous trouvons finalement le lodge dont on n’avait pas retenu le nom... C'est ensemble que nous avons fini les première et dernière étapes!
La partie course est achevée, on va pouvoir profiter du lodge de qualité et de l'hospitalité des népalais. D'autant que la semaine qui suit, nous ferons un treck de 4 jours dans le Langtang Sophie, Marko, Christine l'une des réunionnaises et moi. J'ai eu des nouvelles rassurantes sur la santé de mon père par sms.
Ce soir, ce sera la fête au lodge mêlant les népalais, staff et porteurs et les coureurs. On espère pouvoir décoller demain, s'il n'y a pas trop de vent, pour Pokhara où doit avoir lieu la remise des récompenses.
Samedi 21/10: tout se passe bien, l'avion est à l'heure, on en a pour un petit quart d'heure pour arriver à Pokhara à 840m d'altitude. Il y fait une chaleur moite qui fait prédire qu'un orage peut éclater à tout moment. Nous retrouvons les affaires propres que l'on avait laissées dans un hôtel qui nous semble être un palace vis à vis de certains des lodges que nous avons connus! Baignoire, eau chaude, serviettes de toilette en coton et non plus nos serviettes en microfibre qui sentent mauvais, malgré les lavages réguliers lors du périple. Tout notre linge sent la sueur, aussi, on trouve une laverie qui nous garantit que le linge sera propre et sec à 22h. Le midi, on déjeune en ville de poulet très spicy... on crache le feu!
L'après midi est consacrée à la recherche des petits cadeaux à rapporter. Puis on rentre à l'hôtel où l'on prend une nouvelle douche, juste pour le plaisir... et on se prépare à la remise des récompenses à 18h30, heure à laquelle débute un gros orage... la première pluie après les 15 jours au Népal. Nous sommes appelés les un après les autres, en commençant par les marcheurs puis par la fin du classement. Marko est 14ème, Sophie, 12ème (3ème fille) et moi 10ème (1er V3). Suivra un repas bien arrosé de bière et terminé par un peu de rhum apporté par Hélène, concurrente de la Réunion.
A l'initiative de Caroline, s'ensuit un sketch rigolo et vers 21h45, nous allons chercher notre linge propre à la laverie. En rentrant à l'hôtel, on aperçoit un groupe de coureurs de l'AMT qui partait en ville boire un dernier pot...
Le dimanche 22/10, lever 6h30, et départ après le petit déjeuner, pour l'aéroport où l'on prendra un vol pour nous ramener, en 1/2h, à Katmandou. Bon nombre de coureurs sont partis très tôt en 4x4, de peur de louper les avions qui les ramèneraient chez eux. Arrivés à Kat, on retrouve le Manaslu d'où, guidés par Marko, on gagne le quartier ancien et surtout très commerçant de Tamel pour de nouvelles emplettes. Tard dans l'après midi, on déjeune de mo-mo sur une terrasse. Le petit déjeuner copieux du matin est déjà loin! Puis on se rend dans un salon pour une heure de massage, histoire de drainer nos corps meurtris par 11 étapes de trail. J'apprécie énormément ce moment et je me promets de récidiver au retour du Langtang.
Retour à l'hôtel pour préparer le sac de trek pour le Langtang et laisser le superflu à la bagagerie du Manaslu pendant les 5 jours qui viennent. On dîne et on se couche tôt, car le lundi 23 à 7h30, un taxi nous attend avec Lakpa. Nous nous rendons au terminal des bus de Kat. Nous sommes surpris d'y trouver Dolma, 16 ans, la fille du guide... Elle est en vacances. Nous apprenons qu'elle nous accompagnera pendant le trek. Elle n'a jamais participé à un trek...Après 8 heures de pistes défoncées par des glissements de terrain lors de la mousson et très encombrées par de nombreux véhicules et motos (pour 120 kms), nous arrivons au lodge, à Dunche (2050m d'altitude) où nous dînons et où nous dormons. Notre groupe se compose de Sophie, Christine, une des réunionnaises qui a prolongé son séjour, Marko et moi.
Mardi 24: après une nuit réparatrice dans une chambre à 3 lits qui nous est revenue à 250 roupies par personne (2 euros!), nous partons pour une étape de 13.3kms avec 1660m de D+ et 130m de D- qui nous mènera à Cholang Pati (3700m d'altitude). Le soleil est de la partie, alors que la veille, nous sommes arrivés sous la pluie. Les paysages sont somptueux, nous sommes dans un écrin de verdure! A mi chemin, nous nous restaurons d'une noddle soupe avec omelette.
La petite Dolma a des difficultés pour suivre notre rythme en montée. Après palabres avec Lakpa, on s'arrête à Cholong Pati, soit un peu moins loin que nous ne l'espérions. Demain, nous partirons tôt pour gagner Gosainkun, à 4300m d'altitude, et y prendre le petit déjeuner, face à un lac! Cela dépendra, bien sûr, du temps. Le lodge est rustique. Tout y est plus cher que dans la vallée, car il faut, à dos d'homme, apporter tout ce qui se consomme en altitude... La nuitée, en revanche est toujours aussi peu chère (500 roupies pour une chambre à 2 lits). Toilette de chat, à l'eau glacée. Je réclame et obtiens une 2ème couverture, car je suis frigorifié…
Mercredi 25, lever à 5h15, thé sucré à 5h30. Il fait très froid. Je suis gelé, malgré les couches empilées de vêtements (tee shirt, manchettes, doudoune à capuche, coupe vent, buff pour le haut et short et manchons booster pour le bas). Quant aux mains, je porte les gants que Christine m'a passés, ayant laissé les miens à Kat... (merci mille fois, Christine). Je n'aurais, en aucun cas pu monter sans gant. Je suis tétanisé par le froid. La montée à Gasainkun est raide, les paysages qui se dévoilent à nous avec le lever du soleil sont magnifiques, composés de cascades, précipices vertigineux et de plusieurs lacs d'altitude. Juste avant d'arriver à Gosainkun, n'ayant en tout et pour tout qu'un thé sucré dans le ventre, je fais une fringale. Je n'en mène pas large quand je longe les précipices! Je mange une barre en route puis, quand nous arrivons, une belle grosse assiette de pates!!! Qui plus est, il a fait tellement froid que j'ai "oublié" de boire... Juste à coté du lodge où nous nous restaurons, un népalais qui vit là, fait sa lessive dans un sceau après avoir cassé une couche de glace d'au moins 5 cm sur le récipient...
Après une heure de pause, on reprend la piste dans le sens de la descente vers Thulo Sybri (2200m d'altitude). Nous avons une carte qui indique que l'on peut gagner ce village par un sentier, sans repasser au lodge de Cholang Pati. Le guide fait semblant de ne pas comprendre que l'on ne veut pas retourner au lodge d'où nous sommes partis à 5h30 ce matin. Nous voulons passer par l'autre voie. Ambiance tendue avec le guide... En questionnant un autre guide, le chemin que nous espérions emprunter n'existerait pas, ou, en tout cas, ne serait pas emprunté régulièrement... Nous suivrons donc Lapka. L'ambiance est tendue et le restera jusqu'à la fin du trek. Après la montée sèche à Gosainku (870m de D+) nous descendons à Thulo Sybri soit 2430m de D-. Nous aurons parcouru 18kms. Le lodge qui nous attend est très bien équipé. La douche est chaude. Nous avons 2 chambres. Le prix en est toujours dérisoire. A l'arrivée, on casse la croute: pizza pour Sophie et Marko, riz pour Christine et noddle soup pour moi.
La plus grosse déception pour moi est que mon smartphone ne fonctionne plus... Je n'ai pu le remettre en route ce matin, probablement en raison du froid glacial au lever du jour. Or, la seule fonction dont j'avais besoin était l'appareil photo. Une sirène retentit lorsque j'essaie de l'allumer!!!
Jeudi 26, on fait une grasse matinée. Le départ est fixé à 9h15, après un petit déjeuner sympa, fait de thé, de chapati (galette ressemblant à une crêpe) et confiture. Le soleil est radieux, et, à 2200m, il ne fait pas froid. Ceci me permet de partir en tee shirt pour une descente régulière vers Syabru Besi à 1450m d'altitude soit 5.5kms et 56m de D+ pour 790m de D-. On traverse des villages entourés de verdure, beaucoup de cultures maraichères en terrasse (courges, courgettes, blettes, pommes de terre, carottes, choux...). Il faut dire que nous arrivons dans la vallée où 4x4 et bus peuvent évacuer ces légumes vers les zones les plus peuplées du pays. L'élevage est également développé dans cette zone. Nous croisons et parfois suivons, des convois d'ânes chargés, proportionnellement autant que les porteurs humains, de victuailles ou de marchandises. Les porteurs que nous aurons rencontrés au Langtang comme au Mustang ont des fardeaux qui peuvent peser 20kg ou davantage, sur des distances considérables et des dénivelés qui le sont tout autant...
Je profite de la descente pour essayer de réchauffer nos rapports avec le guide, en lui posant des questions sur le Népal, ses conditions de vie... Lakpa a 53 ans, 5 enfants, Dolma est l'ainée et le dernier n'a que 3 ans. Sa famille vit à Kat, dans un appartement chauffé, en hiver, au gaz de ville. L'école est majoritairement publique, mais il existe des établissements privés. Sur le plan sanitaire, il existe des dispensaires dans les gros villages, alors qu'il y a peu d'hôpitaux (essentiellement situés à Kat et Pokhara). C'est le patient qui paie les soins... Les délais d'acheminement sont parfois très longs pour les plus pauvres, alors que les plus riches sont évacués en hélicoptère.
Arrivés à Syabru Besi, on prend possession de nos chambres. Le lodge est propre, l'eau est chaude, les tenanciers sont accueillants et il y a du wi-fi pour ceux qui ont un téléphone qui fonctionne!!! Vers 14h, on va manger des mo-mo à la viande dans un bouiboui minuscule fréquenté seulement par les népalais. Ce sont 2 enfants qui font la cuisine. Plusieurs consommateurs, déjà attablés, se poussent pour nous faire un peu de place. Après ce déjeuner, je vais chez le coiffeur et Marko se fera raser. De retour au lodge, on prend un massala thé à la terrasse, puis on part faire une promenade. Syabru Besi est au carrefour de plusieurs trek: nord vers le Tibet qui est tout proche et sud appelé Gosinkund trek.
Vendredi 27 octobre: après une bonne nuit et le petit déjeuner, on prend le bus pour Kat à 7h30. On mettra un tout petit peu moins de temps qu'à l'aller, avec un arrêt en route pour que les passagers se restaurent d'un Dal bat (plat traditionnel local qui nous a été servi très souvent, composé de riz blanc, de pommes de terre, d'une soupe de lentilles avec laquelle on arrose le riz). Nous nous contentons d'un thé et mangeons les petits pains achetés avant de partir, à la boulangerie située en face du lodge.
Au départ du bus, sachant ce qui nous attendait en réempruntant la piste endommagée, entre le Langtang et Kat, Marko et moi nous sommes dit que si on n’arrivait pas trop tard, nous retournerions au massage dès ce soir! Sophie qui avait encore des emplettes à réaliser n'était pas décidée à venir avec nous. En revanche, Christine s'est dite partante pour une heure d'abandon sous les mains de la masseuse!
Arrivés au terminal des bus à Kat vers 16h30, Lakpa nous appelle un taxi. Nos chemins se séparent ici. Notre guide et sa fille partent de leur coté. Il est traditionnel de donner un quelque chose à celui qui a montré le chemin; mais dans notre cas, compte tenu de l'attitude de Lakpa, on donne l'essentiel du pourboire à Dolma...
Le taxi hélé est une toute petite voiture pour 4 passagers avec chacun un sac contenant pas mal de choses. Il est 16h30, nous allons chercher nos affaires laissées à la bagagerie du Manaslu hôtel. Christine a un autre hébergement que le nôtre, mais très proche. Elle gardera le taxi pour elle seule. Notre lodge, le Yellow Hotel dans le quartier de Paknajol, n'est pas loin du Manaslu, nous avons beaucoup de sacs à transférer et nous craignons que tout ne puisse pas rentrer dans les innombrables et minuscules taxis qui tracent dans les rues de cette capitale. Finalement, après avoir négocié le prix de la course, nous prenons place dans un véhicule pour les quelques minutes du trajet.
Au Yellow, on se lave, la douche est froide... Sophie qui prend la salle de bain en premier, en fin de douche, s'aperçoit que le chauffe eau électrique est éteint! Marko et moi faisons une toilette de chat (la dernière, nous l'espérons) avant de retrouver Christine pour aller au massage dans le même établissement qu'à l'arrivée du Mustang. Ce sera à nouveau une heure agréable que nous ne regretterons pas! Ensuite, après avoir trainé dans les échoppes qui jalonnent les ruelles du vieux quartier de Tamel, nous dînons et rentrons au lodge pour une douche bien chaude, celle là, et une nuit réparatrice. Christine aura passé avec nous sa dernière soirée. Elle s'envole demain pour la Réunion, via l'Inde puis l'Ile Maurice et enfin Saint Denis, après 3 jours de voyage!
Le samedi 28/10 nous sommes réveillés de bonne heure. Après avoir avalé des toasts avec un peu de confiture et un thé, nous nous mettons en route, avec un programme précis: visite d'un ensemble de temples qui dominent Kat, situés sur une colline appelée Monkey Hill, en raison de la présence de singes très nombreux. Puis le Durbar square de Kat (je précise de Kat, car nous verrons des Durbar square dans d'autres villes). Un Durbar Square est un très vieux quartier, parsemé de nombreux sanctuaires dédiés aux innombrables divinités hindoues.
Au pied de Monkey hill, mon téléphone étant toujours en rade, on s'arrête dans une boutique. Le "technicien" ne me promet rien, il va essayer de faire quelque chose et de sauvegarder les données précieuses telles que mes contacts et mes photos. La journée se passe tranquillement, il fait beau, nous marchons beaucoup ou plutôt, nous piétinons beaucoup dans les ruelles! Marko, qui ne sépare jamais de sa "Fénix 3" de chez Garmin, nous annonce que, ce samedi, nous avons fait plus de 25 kms. Vers 14h, nous sommes repassés chez le réparateur de téléphone. Il a pu sauvegarder les photos avant de démonter l'appareil et de retirer la batterie. Et ça a marché, mon téléphone retrouve sa fonction première, pouvoir appeler, répondre et faire des SMS!
Le soir nous dînons dans la chambre: Marko et Sophie ont apporté de France du foie gras et une bouteille de blanc. Pour compléter le repas, on va chercher 2 parts de mo-mo dans un petit restaurant voisin de l'hôtel. La fin de l'AMT et du trek au Langtang aura été fêtée dignement!
Le dimanche 29/10, Marko et Sophie qui connaissent le site, m'ont proposé d'aller à Baktapur. Nous prenons un bus pour nous y rendre. Arrivés sur place, mauvaise surprise... il faut payer près de 15 euros pour pénétrer le cœur de cette ancienne capitale royale de la vallée de Kat. Son Durbar square est un des plus anciens. C'est surtout, actuellement, un ensemble de temples qui ont été très éprouvés par le séisme d'avril 2015. La reconstruction se fait en parasismique, sous l'égide de l'UNESCO. Là où le tremblement de terre n'a pas tout détruit, cette cité médiévale a su conserver un certain caractère avec ses rues pavées de briques et ses superbes constructions. Après avoir, là encore beaucoup piétiné, nous rentrons à Kat pour nous perdre dans les ruelles de Tamel et user nos dernières roupies. Ce soir, Marko nous invite dans un très vieux et réputé restaurant pour fêter son anniversaire tout proche. Soirée très très sympa, bien que très "pimentée" (au sens propre!!!).
Le lundi 30/10, le programme concocté est chargé. Après un copieux petit déjeuner, nous allons à Boudhanath qui est l'un des principaux sanctuaires de la région de Kat. Son stupa du 14ème siècle est un des plus grands du monde. Puis nous allons à Pashupatinath, où est situé un très vieux temple, qui a résisté au séisme de 2015, bâti sur les berges d'une rivière lieu de crémation. Plus le défunt est riche, plus il sera brûlé à proximité du temple... Tout autour du temple, on peut voir de nombreux sâdhu (qui sont des ascètes hindous), ainsi que des vaches et taureaux en liberté. Après ce lieu, nous nous rendons, en taxi, dans le quartier de Patan où nous nous promenons à nouveau dans un "Durbar square", ici encore bien éprouvé, ainsi que les maisons alentours, par le séisme. On rentre ensuite par le bus, au Yellow hôtel.
Pour remercier Sophie et Marko de m'avoir fait partager ce voyage et la découverte d'un merveilleux pays que je ne connaissais pas, je les emmène une nouvelle mais, hélas, dernière fois au salon de massage pour une heure de détente et de remise en forme.
Puis après avoir, dîné à la bonne franquette dans un tout petit restaurant népalais arrosé tout de même de la 2ème bouteille de vin apportée par Marko (du Bourgogne de Dom Charton!), on rentre boucler les sacs de voyage. Demain, nous rentrons en France via Dehli. J'ai laissé à la sœur de Sangé Sherpa, qui vit à Kat, le reste des médicaments et du matériel à usage unique que j'avais apporté pour médicaliser l'AMT.
En guise de conclusion, voici en vrac ce que j'ai vécu... Ce qui m'a surpris, ce qui m'a enchanté, ce qui fait qu'un jour où l'autre, je reviendrai au Népal :
- la gentillesse des népalais, toujours prêts à nous renseigner, la politesse des enfants qui nous accueillaient dans les villages ou sur les sentiers à grand renfort de Namasté, les mains jointes.
- la ferveur religieuse avec partout dans les pays des édifices construits sur les cendres des moines honorables, des villes jusqu'aux moindres villages, des stupas, des moulins à prière, des drapeaux de prière au-dessus de chaque col et à la porte de tous les villages,
- le sentiment de sécurité car jamais nous ne nous sommes sentis isolés ou en danger, bien au contraire ! Qui plus est la police est omniprésente, les contrôles sont fréquents (pour ce qui nous concerne il s'agit de vérifier que nous possédons bien nos permis de trek).
- les déplacements toujours délicats dans des bus plus ou moins vieux qui ne peuvent s'aventurer sur les pistes qu'avec un aide conducteur, surnommé par nous « clignotant » car c'est lui qui vérifie que la roue n'est pas trop près du précipice, qui dialogue avec le conducteur à l'aide d'un code, en frappant la carrosserie du car (1 coup : tu peux démarrer, 2 coups : du dois t'arrêter, attendre ou manœuvrer), qui guide lors des marche-arrières, sur les voies uniques lorsque croiser un autre véhicule (bus ou camion) n'est pas possible, qui informe le chauffeur des volontés des clients de descendre, qui empoche l'argent dû par les passagers.
- la fragilité de ce peuple de fourmis laborieuses et courageuses, si souvent confronté aux caprices et à la puissance des éléments de la nature : glissements de terrains, inondations, mousson, tremblements de terre (le dernier : 7,9 sur l'échelle de Richter, en avril 2015 détruisant de très nombreux édifices et faisant plus de 8000 morts).
- la différence de mode de vie entre les villes et leur effervescence où motos, voitures, bus et camions, se faufilent dans un tintamarre infernal et la campagne où tout est calme et quiétude, où le temps s'écoule au ralenti. Le nombre hallucinant de téléphones portables que possèdent les népalais, même au plus profond des contrées !
- la vie des porteurs avec des fardeaux de + de 20 kg, que ce soit dans le cadre, comme pour nous, de trek ou de travaux publics, port de gravats, de pierres, de ciment ou qu'il s'agisse de faire casser des cailloux aux enfants (utilisé en guise de graviers dans le béton des fondations des maisons).
- les salles de bains composées d'un WC à la turque, d'une douche, souvent froide, d'une poubelle pour mettre le papier wc souillé, d'un seau d'eau en guise de chasse d'eau....
- La proximité des deux pays les plus peuplés de la planète (Chine avec le Tibet et Inde)
- la débrouillardise des ruraux qui savent que l'eau est précieuse ; cette eau qu'ils canalisent, pour que les cultures soient irriguées et pour leurs besoins personnels, ils vont souvent la chercher, quels que soient l’altitude et les risques de gel, par le biais de très longs tuyaux en polyéthylène.
- le marchandage lors de tous les achats ou lors de l'utilisation de services tels que les taxis
- le flegme des babas cool qui tirent sur leurs joints au Yellow
- les rickchaw et touc-touc d'un autre âge dans les rues de Kat
- le contraste entre les villages où l'air est sain et respirable et la chape de pollution au dessus de Kat, ville située dans une cuvette.
- la nécessité de faire attention pour les étrangers à ne pas attraper de pathologies digestives, en ne buvant que de l'eau minérale, en évitant toutes les crudités surtout en début de séjour, avant que l'intestin (organisme) ne soit habitué au microbiote local,
- le fait d’avoir été coupé du monde pendant trois semaines, sans chaines d’information en continu sur la TV
Et pour conclure vraiment !!!
Je crois en cette formule « Au Népal : on vient pour ses montagnes, on revient pour son peuple »
Conditions d’inscription à l’AMT :
L’épreuve est ouverte aux hommes et femmes âgés de plus 23 ans. Il est recommandé que ces personnes remplissent les cinq critères de sélection suivants:
1-Expérience de la course de montagne.
2-Expérience de la course par étapes.
3-Expérience terrestre de la haute altitude (4.800 m) ou test d’hypoxie en laboratoire à une altitude de5.000 m.
4-Une performance significative en trail, raid en montagne (solo, duo, équipe) ou course en montagne.
5-Expérience de la course ou du raid en orientation (lecture de carte et maniement d’une boussole).
Liste du matériel obligatoire pour chaque coureur :
La piste des oasis en Mongolie
Depuis tout gosse, je rêvais de ce pays, de ses steppes, de ces immenses territoires parcourus par des troupeaux plus ou moins sauvages.
Le 24/05/16, soit un jour avant le départ programmé pour cette course à étapes à l’autre bout du monde, en raison de la grève de la SNCF.
Départ de Gy à 11h15 pour Roissy, via Strasbourg... hôtel à proximité de l'aéroport
Lever à 6h45 le 25 mai.
Le rendez vous des participants à cette aventure est fixé à 8h30 j’arrive dans les temps.
Je découvre, grâce aux marques sur les bagages, les partants pour la Mongolie via Istanbul. On embarque à midi.
A Istanbul, je retrouve Valérie, arrivée de la Capitale des Gaules par un autre vol, avec ses amis lyonnais (Sophie, Dominique, André, Jean-Jacques et Daniel).
J’ai connu Valérie aux Foulés de la Soie 2005 (course à étapes en Chine à laquelle ont participé de nombreux gylois), puis, nous nous sommes retrouvés sur le Raid du Golfe du Morbihan 2007 (177kms en ligne) puis la Transaq en 2008 (230kms en 5 étapes en Aquitaine).
Envol pour Bichkek (capitale du Kirghizistan) où nous effectuons un stop d’1heure. Nous descendons de l'avion (changement équipage) puis, enfin, nous réembarquons pour Oulan Bator (capitale de Mongolie).
Arrivée le 26 à l'équivalent de 5 h du matin de France, soit midi heure locale, je n’ai pas ou peu dormi malgré la prise d’un somnifère. Nous avons donc voyagé près de 20 h entre enregistrement, vols et escales.
Nous sommes transférés à l'hôtel où nous déjeunons d’une soupe et d’une brochettes de mouton).
Après le repas, nous partons pour la visite du musée d’histoire et civilisation d'Oulan-Bator au pas de charge.
Cette visite très intéressante nous montre comment un pays qui a régenté, entre le 13 et le 14ème siècle, après les conquêtes de Gengis Kahn, plus de la moitié de la population de la planète sur un territoire allant de l'actuel Vietnam, en passant par la Chine, aux steppes de Sibérie, et à l'ouest, au-delà de Varsovie et Cracovie, descendant à Istanbul et tout le moyen et l'extrême orient...
L’effondrement de l’empire s’est produit à partir de 1368 et l’invasion du pays par les chinois.
La visite se termine par le devenir de la Mongolie au 20ème siècle, tombée sous le joug de l’influence communiste russe, les nomades sont appelés à se sédentariser, c’est le début de la construction des bâtiments massifs de l’ère soviétique au centre d’Oulan Bator et du développement anarchique à la périphérie de la cité.
La démocratie fait place aux dictatures au début des années 1990.
Depuis les années 2000 et la fin de l’influence russe sur la politique (et toujours pas sur l’économie), le pays s’est ouvert à l’économie de marché, avec pour conséquence, l’enrichissement de quelques uns et l’appauvrissement des 2/3 du peuple…
Le mode de vie des nomades s’en trouve menacé, beaucoup choisissent d’aller grossir la ville et quittent la steppe.
Après cette visite, nous nous rendons à un spectacle remarquable de danses, musiques et chants traditionnels.
De retour à l'hôtel vers 19 h 30 a lieu le premier briefing de présentation de la course, puis nous dinons dans un restaurant indien situé dans l’hôtel. Coucher dès 21 heures, heure locale.
Le 26/5- Lever 6h45, petit déjeuner prévu à 7h30, mais la partie de l’hôtel dans laquelle nous sommes hébergés est complètement neuve, aussi, rien n’est prêt et surtout personne ne sait comment faire fonctionner les machines à café, ou simplement à eau chaude !!!
8h30 est l’heure de départ théorique, mais il n’y a pas assez de place dans les bus. Un véhicule supplémentaire doit arriver ; hélas, il s'agit d'un tout petit 4x4 qui ne pourra contenir que quelques coureurs et quelques uns des bagages entassés sur la dernière rangée de sièges du bus dans lequel je suis censé voyager.
Qui plus est, les passages de roues rendent 4 des 25 places très inconfortables avec les genoux sous le menton, enfin, les strapontins sont défoncés !
En tout, c’est un convoi de près de 90 personnes qui s’ébranle vers 9h45 : 46 coureurs, 19 marcheurs dont beaucoup sont les conjoints ou conjointes de coureurs, le staff français et le personnel de l’agence locale qui assurent la logistique.
Nous pique niquons en route, au bord d'un petit bras de rivière.
En chemin, entre Oulan Bator et le lieu du campement, les paysages vont de la steppe désertique et aride à des fonds de vallées plus vertes.
D'innombrables troupeaux, semi sauvages, de chevaux, chèvres, moutons et bovins paissent au milieu de cette carte postale, gardés par des hommes à cheval ou, moins romantique, mais aussi efficace, à moto !
Alors qu'il y a très peu de cultures, d'une façon générale, nous nous arrêtons à proximité de champs immenses travaillés par des engins énormes, héritage des kolkhozes soviétiques.
Ce même arrêt se situe à proximité d'un Stoupa : monticule de pierres posées par les passants qui, y accrochent également des écharpes traditionnelles du bouddhisme. Pour que les vœux formulés soient exaucés, il est nécessaire d'ajouter une pierre et de tourner 3 fois autour, dans le sens des aiguilles d'une montre.
Nous arrivons enfin vers 17 heures à un camp de tentes, isolé de la piste. Certaines des tentes sont minuscules compte-tenu du volume de nos sacs....
Ce sera le lieu d'arrivée de la première étape qui sera disputée demain.
2 petits chapiteaux sont installés pour la prise des repas et une grande tente abrite la préparation des repas à laquelle s'affairent les cuisinières, habituées à faire des miracles avec peu de matière première.
Des latrines, toilettes sèches de fortune, ont été installées à distance raisonnable du campement.
La vérification du matériel obligatoire est effectuée par l'équipe organisatrice avant de passer à table.
Après un repas simple mais bon, on se dépêche de rentrer dans la tente que je partage avec André, un des six lyonnais.
En raison de l'arrivée d'une tempête de sable IMPRESSIONNANTE par sa rapidité de constitution, on se réfugie rapidement dans les tentes qui commencent à s’envoler. En effet, il a fait très chaud toute la journée, et le vent qui soufflait fort du nord a brusquement tourné au sud, exposant l'entrée des tentes à l'arrivée du sable. De l’intérieur de la tente, on a l’impression qu’il grêle, tant le sable crible la toile.
Cette première nuit sous tente est difficile. Il y a beaucoup de vent après le passage de la tempête de sable. Le "matelas" est mince et le sol bien dur... mais surtout les températures descendent à moins 2 degré et le ressenti, bien en dessous au petit matin. Les récipients contenant de l'eau sont recouverts d'une pellicule de glace.
Lorsque je me suis couché, moi qui suis frileux, j'étais optimiste... je me suis glissé dans mon sac de couchage en slip et tee shirt... au bout d'un moment, j'ai enfilé des chaussettes, puis un sweat, puis un pantalon, puis je me suis glissé dans mon sac à viande... pour finir au matin avec anorak et capuche!!! Autant dire que j'ai peu dormi.
Nous nous levons, ce samedi 27 mai, à 6h45 pour petit déjeuner à 7h30. Le départ, en bus, du campement de tente est prévu à 9h30, en fait, c'est à 10 h30 que l'on démarre
.
Lors de la première étape de 20 kms, 800 m de D+, dans la zone du Mont Khugnu Khaan, 3 cols seront à franchir.
Il fait très chaud dès que l'on est à l'abri du vent glacial qui souffle du nord. Au départ, donc, je suis bien habillé d'un tee shirt des manchettes et un coupe vent. Puis la chaleur devenant insupportable, je suis obligé de baisser les manchettes et de relever tee shirt et coupe vent à mi ventre pour ne pas avoir à enlever mon sac de course.
Je termine en 9ème position sur 46 coureurs et 2ème V3H.
En attendant que tous les participants arrivent au campement, nous prenons notre repas.
Alors que nous prenions cette collation, de nombreux rapaces charognards se mirent à survoler le lieu de notre campement, fondant sur les quelques restes de nourriture tombés à terre !
Puis nous changeons de lieu. Après 3 h de bus nous arrivons dans 1 campement de yourtes bien agréables, avec douches (froide pour moi, chaude pour d'autres !), vrai lit, dîner sympa.
La yourte est un bâtiment circulaire, constitué d'une armature en bois, recouverte de toile et de plusieurs couches de tissu. Le tout étant démontable et "remontable" en très peu de temps lors des déplacements de campement.
Dans la même journée, les nomades réalisent ce déménagement, afin de trouver de nouveaux pâturages plus riches ou un meilleur abri du vent qui balaie constamment la steppe et ses immensités spectaculaires.
La terre, jusqu’à présent n’appartient à personne, les troupeaux et les habitants s’installent où ils veulent. Mais une polémique est en train de naitre, car certains politiques voudraient privatiser la terre, malgré le proverbe mongol : « Ne donne jamais cette terre, même si Dieu te le demande ».
La yourte possède une porte d'entrée basse orientée au sud.
On y entre pied droit en avant et on ne doit jamais passer entre les deux piliers qui soutiennent le toit et la couverture.
C'est le lieu de vie des nomades:
-au milieu trône un poêle central dont les cors de fourneau sortent à l'aplomb, par le toit. Pour faire l'obscurité, il suffit d'enlever les cors, et par un ingénieux système, de faire coulisser une pièce de tissu pour recouvrir l'orifice servant de cheminée en hiver
-l’ouest est le quartier des hommes
-l’est est le cœur de la vie conjugale et la place des femmes
-le centre est la place des anciens et des esprits
-au fond est dressé un autel pour ancêtres
Lever même heure qu’habituellement le dimanche 28.
Après une nuit très reposante à 3 dans notre vaste yourte, nous prenons le petit déjeuner à 6h30, puis, on met les sacs dans les véhicules. Le temps est très couvert et il fait froid et venteux.
Comble de malheur, il commence à pleuvoir au départ de cette 2ème étape de 22 kms, dans la Vallée d'Orkhon avec fort vent de face sur 4 kms.
Par bonheur, les conditions météo s'améliorent très rapidement.
Mais comme j'étais très habillé au départ, j'ai été obligé d'enlever quelques épaisseurs, ne gardant que tee shirt.
Comme la veille, le départ est assez rapide pour le vieux diesel que je suis, aussi, j'essaie de me tenir dans la première dizaine de coureurs.
L'étape est par moment monotone, faite de grandes lignes droites dans un paysage somptueux, très largement ouvert à la vue.
On parcourt une vallée entre 2 chaînes montagneuses.
Arrivé 9ème une seconde fois je reste cependant 2èmeV3.
A l'arrivée, il fait très chaud encore une fois, au fur et à mesure de leurs arrivées, les coureurs pique niquent.
Hélas, ce soir, l'hébergement sera à nouveau sous tente. L'intermède yourte et confort ont pourtant été bien agréables...
Je me suis fait le porte parole des gens de notre bus pour que les passagers des bus soient privilégiés pour les plus grandes tentes et pour qu'elles ne soient pas squattées par les quelques coureurs transportés beaucoup plus agréablement que nous, dans les petits 4x4 plus rapides et qui, systématiquement arrivaient avant les bus.
En route, nous faisons un arrêt à Karakorum, l'ancienne capitale de Ghengis Khanau au 13ème siècle, rasée par les troupes Ming un siècle plus tard. Il n'en reste que des vestiges et un monastère entouré de 108 stupas qui date du 16ème siècle, bâti sur les ruines de cette capitale impériale.
Arrivés à proximité du lieu où les tentes ont été montées, on se rend compte que le pont qui permet d'atteindre la berge de la rivière sur laquelle on doit dormir n'est pas accessible. Ce pont de bois, en mauvais état ne permet pas de faire passer nos bus!
On traverse donc à pied, à gué, en claquettes pour ce qui me concerne pour garder sèches mes baskets pour demain, l'étape de 37 kms.
André, mon colocataire est le 1er à traverser et donc à nous réserver une grande tente dans laquelle nous aurons de la place et même de la place pour abriter les sacs de nos voisins moins gâtés que nous!!!
J'espère que la nuit sera moins froide que la précédente sous tente.
Dans la mesure où nous sommes proches de la rivière et en l'absence de douche, nous allons nous y laver. L'eau est fraîche, et ce n'est rien de le dire car de grands bancs de glace restent accrochés aux berges !
C'est savonnés, rincés à l’eau fraiche et enfin propres que nous allons dîner. Comme tous les autres repas, celui ci est bon et complet. Ce sont toujours les cuisinières que l'agence locale a recrutées à Oulan Bator qui s’affèrent aux fourneaux depuis le début du déplacement.
Après une nuit sur le dur, car le matelas est toujours aussi symbolique! Lever 7 h, petit déjeuner 7h15, transport en camion benne de l'autre côté de la rivière pour retrouver les bus qui nous emmèneront au départ de la 3ème étape de 37kms toujours dans la Vallée d'Orkhon après une bonne heure de route.
On arrive dans une vallée somptueuse pour prendre le départ de la grande étape.
Il fait soleil, je suis en tee shirt et manchettes, contrairement à hier où je portais tee shirt, manchettes, sweat et coupe vent en raison de la pluie et du vent au départ.
Arrivé 7ème ex aequo avec René avec lequel j'ai fait toute la course malgré un balisage plus aléatoire que sur toutes les autres étapes.
Après avoir longé une forêt de pins et de mélèzes, au milieu du parcours, se présente à nous, un champ pierres acérées avec pour azimut signalé au briefing du matin une montagne très aigüe puis on a suivi un canyon sur plusieurs kms.
Enfin, on a traversé le pont que les bus n'ont pas pu franchir la veille et on le comprend car ce pont en bois est très abîmé. Bien que proche du campement que l'on aperçoit depuis le pont, nous ne sommes pas arrivés.
Il reste une boucle de 9 kms à effectuer avant de retrouver notre tente où nous allons passer la 3ème et dernière nuit ! Espérant avoir moins froid que la 1ère nuit et encore moins froid qu'hier soir (c'était acceptable car je m'étais blindé de vêtements...)
Je suis 7ème aequo et toujours 9ème au scratch et 2èmeV3H.
Repas excellent comme tous les autres à l'arrivée de cette étape longue. Comme la veille: bain dans la rivière, ça remplace la douche sur laquelle on ne pourra éventuellement compter que demain soir dans le 2ème camp de yourtes.
En fin d'après midi, nous voyons arriver à proximité du campement, plusieurs troupeaux qui se regroupent pour n'en former qu'un, de chevaux, poussés par des cavaliers très adroits.
C'est alors que nous assistons à une démonstration du travail quotidien des nomades qui attrapent les bêtes pour les marquer et/ou pour repérer les bêtes les plus rapides qui seront retenues pour faire les courses de chevaux dont les nomades sont friands.
Ces courses se font sur de très longues distances (30kms), aussi, ce sont souvent des enfants, plus légers, qui montent les petits chevaux de Prévalski (1.30 mètre au garrot), en voie d’extinction il y a quelques années, dont la Mongolie est le berceau de la race.
Enfin, ces chevaux sont capturés pour traire les juments allaitantes, pour fabriquer une boisson très particulière : le lait de jument fermenté…
C'est un spectacle fantastique que ce jeu entre les hommes et les animaux semi sauvages qui ne se laissent pas attraper facilement,
La route est pénible : 3 h de pistes chaotiques pour arriver dans un endroit splendide.
Il s'agit d'un éco lodge avec de nombreuses yourtes pour 2 personnes.
Les toilettes sèches fonctionnent. Il existe un grand bâtiment circulaire dans lequel nous prendrons nos repas. Pas de douche mais de larges serviettes chaudes nous sont apportées dans de grandes boites en bois.
Coucher tôt dans une ambiance cosy, toujours André pour compagnon.
On enlève le tuyau de poêle pour faire l'obscurité.
Il ne fait pas froid, comme si le froid nous avait été réservé pour les nuits sous tente !
Lever 7h30 après une nuit très reposante.
Après le petit déjeuner, nous nous mettons en route pour le "petit Gobi", la dernière étape dans les dunes de sable fin.
Comme lors de la route de la Soie en 2005, j'appréhende cette étape vallonnée de 19 kms, sans appuis, dans du sable très mou. J'ai chaussé les mi-bas nylon que Catherine m'a donnés, par dessus mes baskets. Comme j'avais 3 paires de bas, j'en ai passé à Valérie et à André.
Hélas, dès les 1èrs buissons traversés le nylon est explosé ce qui n'empêchera donc pas le sable d'entrer dans mes chaussures.
Il fait très chaud et un vent sec souffle fortement, accentuant la déshydratation.
C'est éreinté que j'arrive enfin au bout de cette étape qui se termine par 4 kms de plaine humide et bosselée.
Je suis 12ème mais j'ai gagné une place au général : je suis désormais et définitivement 8ème de la course et confirmé 2ème V3H.
Retour au lodge après avoir participé au désensablement d'un de nos bus, nous rendons visite, de façon impromptue à une famille de nomades.
Traditionnellement, la porte des nomades est toujours ouverte aux passants ou aux visiteurs.
Dans leur yourte sont présents: le chef de famille, une vieille femme qui serait la sœur du chef, la femme du chef et deux enfants dont un petit ainsi que 2 autres hommes.
Alors que le chef de famille en est à son Xième litre de bière, il nous fait l'honneur du thé au lait salé et d'un petit morceau de fromage dur comme de la pierre.
Par l’intermédiaire de notre interprète, nous posons au maître de maison quelques questions sur le mode de vie de ces gens qui vivent isolés du monde ; les voisins les plus proches changeant fréquemment et se trouvant toujours à plusieurs kilomètres.
Il existe quelques villages dans lesquels ils se ravitaillent dans des épiceries minuscules, qui vendent tous les produits de première nécessité et surtout beaucoup d’alcool, comme nous avons pu le constater, la vodka et la bière coulent souvent à flot !
La famille à laquelle nous avons rendu visite possède des troupeaux de bovins, de moutons et de chèvres dont les poils servent à confectionner la laine la plus fine au monde, le cachemire.
En revanche, comme dans quasiment tout le pays, il est impossible de cultiver la terre (la terre est gelée de septembre à avril). L’élevage est la seule ressource des nomades.
Ce matin du jeudi, après le petit déjeuner, 5 h de route sont au programme pour regagner Oulan Bator.
Je choisis ma place au milieu du bus après avoir eu lors des déplacements précédents des places très exiguës à l'arrière, sans aucun "confort".
Juste après le pique nique, un des trois bus tombe en panne, la caravane stoppe. On attend sous un soleil de plomb puis dans un petit magasin.
Nos bagages sont tous déchargés des petits 4X4, laissés au bord de la route sous surveillance, pendant que ces véhicules vont récupérer les coureurs du bus défaillant.
Ce sont encore de précieuses minutes perdues avant d'arriver à l'hôtel.
Puis notre bus repart bondé, par les quelques coureurs qui n'ont pas eu de place dans les petits 4x4.
Arrivés à Oulan Bator, nous avons un accident avec une voiture que notre chauffeur serre de trop près. Ici c'est le plus gros ou le plus fort qui gagne.
C'est avec plaisir que nous retrouvons l'hôtel où nous avons passé une nuit à notre arrivée. Après une douche bien agréable, mais très vite prise car on est pressés, on se retrouve pour aller dans un restaurant où la remise des prix sera effectuée à l'issue d'un repas fin et copieux.
Juste avant la remise des prix, Gilbert, le responsable de « La piste des oasis », nous demande de faire une ovation à l’équipe composée d’une vingtaine de mongols qui nous a chouchoutés pendant cette première édition. Puis les coureurs sont récompensés en commençant par les premiers du scratch, puis de chaque catégorie
Retour à l'hôtel peu après minuit.
La journée du vendredi 3 juin est libre. Une des guides francophones du staff de la course est à notre disposition pour nous faire découvrir la capitale de la Mongolie. Cette ville compte 1.5 million d'habitants, soit la moitié de la population du pays.
Autant la Mongolie peut être belle, autant Oulan Bator est une ville insignifiante, aussi froide que ses hivers où la température descend souvent en dessous de moins 26°, sans vestiges.
Sur le plan architectural, sont de longs alignements de bâtiments laids, typiques de l'ère soviétique. Seuls quelques temples et monastères, détruits par les russes en 1938 ont été reconstruits. Nous en avons visité plusieurs, dont un, restauré, qui renferme un Bouddha de 26,5 m de haut, fait d'acier, de 90 tonnes de suivre et de 30 tonnes d'or.
Quelques tours modernes en verre émergent au milieu d'une ville bidonville, maisons à l'abandon, vides, cachées derrière des palissades alors qu'en « banlieue », les yourtes sont de plus en plus nombreuses...
Quand les enfants de nomades veulent étudier et aller dans la seule université du pays, ils sont obligés de venir dans cette ville. Ce sont ces jeunes, souvent accompagnés de leur famille qui, pour se loger installent leur yourte en périphérie de la cité.
Et puis, il faut bien dire que depuis que les nomades possèdent l’électricité grâce aux panneaux solaires et la télévision au milieu de la steppe, la capitale est un miroir aux alouettes vers lequel les jeunes se précipitent à la recherche d’une vie moins austère…
Cette ville est la plus froide, mais aussi la plus polluée du monde en raison de son implantation dans une cuvette et de la présence de plusieurs centrales électriques à charbon d'un autre siècle.
La Mongolie :
C’est : 1600000km2, 3000kms d’ouest en est et 1000kms du nord au sud, seulement 2 frontières avec la Russie au nord et la Chine au sud, 3 millions d’habitants dont 1.5 million à Oulan Bator
-se géographie est particulière, le pays repose sur un plateau entre 1100 et 1500 mètres d’altitude, avec de très hautes montagnes à l’ouest, un vaste désert au sud, le désert de Gobi.
-son climat est très rude avec des températures pouvant descendre très en dessous de moins 40°, ayant pendant l’hiver 2009-2010 provoqué la mort de 10 millions de têtes de bétail et de nombreux nomades…
-ses principales richesses sont en sous sol; c'est le charbon, le cuivre l'or et ses réserves de pétrole non exploitées. Le carburant est acheté aux russes avec lesquels ils ont de meilleurs contacts qu'avec les chinois, leurs deux seuls voisins sur le plan géographique.
-la pratique des religions n’a pu s’effectuer qu’après la démocratisation du pays; la plus pratiquée se rapproche du bouddhisme tibétain
-les sports pratiqués sont essentiellement les courses de chevaux et la lutte.
Ce vendredi soir, nous dînons à l'hôtel. L'heure du lever a été avancée, car une épreuve de course à pied va se dérouler le samedi matin et la ville sera bloquée à partir de 7h30. Il faudra donc impérativement que nous soyons partis pour l'aéroport où nous n'enregistrerons pas avant 9h30 pour embarquer à 12h30 et décoller à 13h, avec 45mn de retard. Il faudra donc se dépêcher à Istanbul pour changer de terminal, car on aura plus qu'une heure pour attraper l'avion de Paris.
Je dormirai à Roissy puis au petit matin, je gagnerai la gare de Lyon pour rentrer sur Dijon où Catherine viendra me chercher car, en raison de la grève de la SNCF, mon train Dijon-Besançon a été annulé.
C'est la tête pleine de magnifiques souvenirs et surtout de splendides paysages que je retrouve notre maison en fin de matinée, ce dimanche 5 juin.