On a commencé à en parler, Sophie, François, Rémi et moi, en 2007 après que ces derniers aient fait la Diagonale des Fous à La Réunion…et c’est en 2010 que cela s’est concrétisé.
Le samedi 3 avril, nous nous retrouvons donc à Orly, ainsi que Françoise (l’amie de François) pour une mémorable épopée que je vais tenter de vous conter.
A l’arrivée à Pointe à Pitre en début d’après midi, il fait 35° à l’ombre, avec 6 heures de décalage horaire avec la métropole. Nous sommes transférés vers Saint François, l’extrémité Est de la Grande Terre, pour embarquer pour La Désirade, lieu de la première étape.
La traversée sera houleuse et quelques passagers seront victimes du mal de mer.
Ensuite, nous montons les tentes sur la plage, non loin du lieu où se déroulait la « Fête à Cabri », fête qui coïncidait avec Pâques et les congés qui vont avec…bien sûr, qui dit fête dit musique créole et reggæ , jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Les douches et les toilettes se situent à 200 mètres du campement; elles sont dans en très mauvais état.
Le lendemain, 4 avril, récupération, repos et prise de contact avec cette île baignée de soleil qui, bien que voilé en ce dimanche pascal, sera à l’origine de douloureuses brûlures.. Notre groupe de Chauffe la Semelle profitera de cette matinée pour parcourir le sentier du nord de l’île qui part de la chapelle et se termine à la pointe des colibris, puis de l’après midi pour aller à la rencontre des iguanes ; soit 3 à 4 bonnes heures d’exposition au soleil.
Après une nouvelle nuit de java pour les autochtones, le lundi, débutent nos festivités de coureurs à pied sur La Désirade (11km d’est en ouest et 2km du nord au sud).
Cette étape, boucle de 26km et 450m de D+, sera courue à une température moyenne de 33°, malgré un départ matinal à 7h
C’est Christophe Erceau qui terminera premier puis Patrick Darius et Fred Lengrai, et en ce qui concerne l’équipe des Chauffe la Semelle, la logique est respectée, c’est Rémi qui est en tête (14ème) puis Sophie (20ème) puis Jean-Luc (21ème). François, en délicatesse avec son genou droit depuis plusieurs semaines, sera contraint à l’abandon, avant la fin de ce premier parcours.
Après la course, il faut replier le campement et prendre une liaison maritime pour se rendre sur l’île de Marie-Galante. Le transfert sera folklorique, il durera plus de 2 heures au lieu de 45 minutes, en raison d’une avarie de moteur, et d’un arrêt de celui-ci, obligeant un membre d’équipage à plonger pour réparer. Pendant ce temps, le bateau remuait comme une coquille de noix. Quelques passagers furent, ici encore, malades.
Du port, nous serons transférés de quelques kilomètres et comme les 2 jours précédents, nous déplions les tentes sur la plage de Capesterre, cette fois. Manque de chance, nous sommes installés juste à coté de la salle des fêtes où une soirée et organisée par des jeunes…musique assurée et décibels en prime !
Les douches et WC mis à notre disposition sont dans les vestiaires du stade voisin.
La 2ème étape (départ 7h, après petit déjeuner à 5h30), nous mènera de la Chapelle Sainte Thérèse, dans les terres, à notre bivouac, à Capesterre. Les paysages parcourus sont magnifiques. Nous empruntons des sentiers au milieu des champs de canne à sucre qui alimentent les nombreuses distilleries de rhum ; boisson des îles par excellence. Puis, le balisage nous mène en bord de mer, sur des rochers très acérés sur lesquels il vaut mieux ne pas tomber. Nous traversons également des pâtures où paissent des vaches attachées, chacune à un piquet planté dans le sol. La corde ou la chaîne qui les retienne, c’est selon, sera à l’origine d’une légère blessure du vainqueur final de la Guadarun; le bovin allongé s’étant levé précipitamment au passage de Christophe Erceau.
Peu avant l’arrivée, Sophie et moi avons pris un gros orage, aux 2/3 d’une descente technique rendue très glissante et laissant présager une fin d’étape très pénible pour ceux qui nous suivaient. Dès l’orage passé, le soleil brûlant se réinstalla, créant une atmosphère difficilement respirable.
Cette étape, longue de 30km nous a proposé 495m de D+ et 545 mètres de D-.
La température moyenne fut de 35° ; et c’est à nouveau Christophe Erceau qui l’a emportée.
L’ordre d’arrivée des 3 Chauffe la Semelle fut le même qu’à la Désirade (14, 18 et 19èmes).
Après le déjeuner, nous replions le camp et vers16 heures, nous quittons Marie-Galante pour les Saintes et plus exactement, Terre de Bas. Le logement se fera sou le préau de l’école primaire et dans la cour. Les commodités sont, cette fois très confortables.
Après la musique qui retardait notre endormissement à la Désirade et à Marie-Galante, ce sont les coqs de Terre de Bas qui nous réveillèrent de très bonne heure. En métropole, les coqs chantent à la pointe du jour, alors qu’aux Saintes, ils sont beaucoup plus matinaux (ils chantent dès 2h du matin)…
Le départ de cette troisième étape a lieu à 8h30, après avoir attendu le pain du petit déjeuner prévu à 5h30, mais effectif à 6h passées. Le parcours est en boucle et comporte plusieurs difficultés : 2/3 de routes en béton avec une montée très raide (10 à 15%) puis une descente du même acabit et le dernier tiers très technique avec montée très raide, boueuse après une averse, à même altitude que la 1ère côte et descente par un sentier instable avec de nombreuses pierres, jusqu’à l’arrivée sur une plage après avoir longé la mer par une côte rocheuse déchiquettée obligeant à sauter de pierre en pierre.
Au total, ce jour, nous avons parcouru 18km avec 545m de D+ et 560m de D- sous une température de 30° en moyenne, plus basse que les précédentes en raison du parcours partiellement tracé en forêt.
Pour le classement, pas de surprise, c’est le même ordre d’arrivée que pour les 2 étapes précédentes.
Après midi libre, mais ciel très couvert et vent violent, faisant même enfiler une petite laine lorsqu’on n’était pas à l’abri.
Comme la veille, lever très tôt et petit déjeuner retardé au dernier moment, pour cause de panne d’oreiller du boulanger. Nous déménageons une nouvelle fois pour nous rendre à 10 minutes de bateau, à Terre de Haut, la plus bourgeoise des 2 principales îles de l’archipel des Saintes.
La baie est splendide; les saintois disent que c’est la 3ème plus belle baie du monde…
Le départ de l’étape, après manipulation du fret et des bagages, a lieu devant la Mairie. Nous escaladons d’abord, un monticule au dessus duquel nous étions censés effectuer une boucle…hélas, cette dernière fut « oubliée » par de nombreux concurrents, nous faisant pester et nous obligeant à doubler des coureurs moins rapides. Après cet épisode énervant, il y eut essentiellement du macadam ou des chemins bétonnés dans les zones plus pentues. Peu avant l’arrivée, c’est environ 400 m de plage avec du sable mou qu’il faudra parcourir.
Au total, cette étape représenta 17km pour 425m de D+, par une température de 33°, le départ ayant eu lieu à 9h10.
Au classement, c’est toujours le même ordre à l’arrivée, que ce soit pour les premiers (Christophe Erceau, Christophe Le Saux et Patrice Darius), ou au sein de notre groupe…
Puis nous prenons une douche et un repas sur la plage, à proximité du centre UCPA.
En milieu d’après midi, nous rechargeons le fret sur un bateau avec pour destination Trois Rivière, sur Basse Terre, où un bus nous récupère pour aller dîner typiquement créole : chez Germaine. La restauratrice préparera devant nous, plusieurs sortes de cassaves (salées et sucrées), à base de farine de manioc.
Nous sortons du restaurant en étant repus, mais il nous faudra encore prendre un bus pour nous rendre dans un endroit enchanteur ; le jardin d’eau et son parc magnifique, dans lequel nous déplions nos tentes. Ce jardin d’eau est une sorte de jardin botanique où les enfants viennent jouer à proximité d’une rivière et d’un étang. Les douches sont installées par les bénévoles, en pleine nature ; quant aux WC, ils sont en dur, ainsi que 2 lavabos et un évier. Ce dernier sera bien utile pour nettoyer les affaires de course crottées par cette étape merveilleuse mais très difficile, dans la forêt primaire.
Le départ sera donné à 7h30 après ¾ d’heure de bus, au milieu du Parc National de Guadeloupe. Cette étape est d’une simplicité biblique. Il s’agira de faire l’ascension d’une montagne (1000m de D+), puis de parcourir une ligne de crête scabreuse, avec précipice à gauche du sentier en dévers et enfin de s’élancer pour une descente vertigineuse et technique avec chutes et glissades assurées. Certains, et c’est mon cas, descendent en crabe et d’autres, comme des cabris volent d’appui en appui, c’est le cas de Sophie.
Cette dernière remarque me fait penser aux paroles de vérité de Lucien, l’organisateur de la Guadarun, qui en réponse à mes propos : »j’ai laissé partir Sophie dans la descente », m’a répondu » dis plutôt que tu n’as pas pu la suivre ! «
L’arrivée de l’étape était jugée au jardin d’eau sous un soleil de plomb, alors qu’en sous bois, lors des 20 premiers km, et surtout sur le chemin de crête, il tombait une pluie serrée et soufflait un vent frisquet..
Au total : étape n°5, le vendredi 9 avril, de 25km avec 1120m de D+ et 1315 de D- température moyenne 28°.
Cette fois encore, même ordre d’arrivée, sauf pour la troisième place de l’étape qui est prise par Fred Lengrai.
Deuxième nuit au jardin d’eau et dernière en bivouac ! Petit déjeuner tardif pour cause de retard de livraison du pain frais…ah les boulangers îliens…
Nous démontons le campement et sommes transférés sur la Grande Terre, à l’hôtel Golfe de Saint François (1h30 de route), où nous déposons nos affaires.
Cette 6ème étape, dont le départ fut donné à 9h10, sera effectuée sous un soleil de plomb. La course décrira une boucle partant et arrivant devant l’hôtel, jusqu’à la Pointe des Châteaux et sa croix, puis retour en empruntant un isthme fermant incomplètement une étendue d’eau et obligeant de ce fait à prendre un bain forcé, plage et même un chemin de croix balisé par 13 stations.
Cette étape (25km et 330 de D+ par 36° de moyenne), difficile en raison de la chaleur et de l’accumulation de fatigue, a vu quelques coureurs s’égarer, peut être par manque de lucidité; ce fut le cas de Rémi.
Cette journée fut clôturée par la soirée de gala, avec remise des trophées à chacun : médaille et un tee-shirt frappé Guadarun, une bouteille de rhum et une affiche de la course.
Enfin annonce des podiums féminin d’abord (Sophie est sur la plus haute marche ! suivie par Pia Maeshling et Marie-Claire Marchetti) puis masculin (Christophe Erceau devance Christophe Le Saux et Fres Lengrai).
Suivront un apéritif dînatoire, une projection des premiers rushes vidéo et quelques photos de l’épreuve.
Il est à noter que la Guadarun fera l’objet de plusieurs passages TV sur Sport plus et que les films sont et seront consultables sur le site : www.sport-nature.com
Enfin, pour clore la soirée, une animation en musique nous fut offerte, toujours sur fond de projection de photos et du film. A l’issue, un bon lit en chambre climatisée et le lendemain un bain dans la piscine de l’hôtel acheva de nous retaper avant le retour en métropole!
Le bilan des Chauffe la Semelle est le suivant :
-Rémi est 15ème au général
-Sophie est 18ème au scratch et première féminine avec 2h d’avance sur sa dauphine
-Jean-Luc est 20ème après avoir fait l’essentiel des étapes avec Sophie
-François a été contraint à l’abandon dès la première étape, la mort dans l’âme. Avec Françoise, ils furent sur chaque étape bénévoles sur les ravitaillements.
En conclusion, la Guadarun n’est pas un alignement de kilomètres, même si l’aspect sportif est dominant avec des étapes éprouvantes tant par les parcours rendus difficiles par des sols instables, et variables, du sable à la boue en passant par des bancs de roche, des pierriers, des cayes tranchantes comme des rasoirs, des chemins de tuf. Sans oublier un peu de bitume pour rallier les arrivées ou des routes en béton dans les étapes très pentues.
Lors de la dernière étape, nous fut imposé un passage à gué, dans la mer, avec de l’eau jusqu’à la ceinture, voire jusqu’au cou pour ceux qui ont trébuché!
Aucune blessure sérieuse ne fut à déplorer
Enfin et surtout, c’est une semaine de partage, de vie commune entre les coureurs d’horizon et de professions différentes et les bénévoles ou coureurs guadeloupéens. Ces derniers ont eu à cœur de nous faire partager leur culture, leur mode de vie, leur cuisine….La nature est en effet généreuse ; les fruits mûrs tombaient des arbres , nous invitant à consommer, au bivouac ou sur les ravitaillements : bananes, melon, mangues, ananas, pastèque, oranges…
En limitant le nombre de participants à 50, cette épreuve est à taille humaine ; ce nombre permet de respecter parfaitement les sentiers empruntés et la nature sauvage du Parc National par exemple.
Nous tenons, tous les 5, à dédier cette course dans les caraïbes à Martine, la fille adoptive d’un couple d’amis de l’association, victime du séisme de janvier 2010.
Des photos sont consultables sur le site : http://picasaweb.google.com/home avec, pour accéder à l’album ; l’adresse mail : tlemenajour@yahoo.fr
Un film sera diffusé sur Sport Plus (Canalsat) le 3 mai à 13h, le 4 mai à 1h et 10h15, le 6 mai à 1h0 et 16h30
commenter cet article …