Raid Colombie du 12 juin au 1er juillet
Depuis quelques mois, j'ai hâte d'y être. Je n'ai pas mis de dossard depuis ma chute à la Saintélyon en décembre 2017. Certes, il y a eu l'escapade au camp de base de l'Everest, au Népal, en octobre 2018 , mais c'était en mode trek.
Nous voilà donc repartis, Sophie, François et moi, pour une course de 5 étapes, avec classement, cette fois.
Nous arrivons de Lyon à Carthagène des Indes après 2 escales et 24 heures de voyage... Immédiatement nous sommes saisis par une température très élevée. Il ne fera jamais moins de 40 degrés en journée et 30 la nuit...
Carthagène est une ville riche de culture et d'histoire, qui a connu bien des tourments au cours des siècles. Fondée sur un ancien village amérindien, cette cité sera prise par les espagnols, les anglais, les français, avant d'être indépendante puis de revenir dans le giron de la Colombie... Des nombreuses invasions et combats pour sa survie, la vielle ville de Carthagène garde une solide muraille avec canons et échauguettes.
Comme dans toutes les villes d'Amérique latine, les églises sont nombreuses et malheur aux hérétiques car l'inquisition a longtemps fait œuvre de persuasion!
Il fait bon flâner dans ces rues bordées de maisons coloniales blanches ou peintes dans des tons pastels avec ses patios, ses balcons espagnols et la végétation qui grimpe jusqu'aux toitures de tuile canal. On marche dans un véritable décors de film...
Avant d'entrer dans le vif le 19 juin , et surtout parce que les billets d'avion sont beaucoup moins chers à certaines dates, nous avons programmé une escapade à Mompox, très ancienne ville portuaire coloniale, située à 6-7 heures de bus de Carthagène.
La cité de Monpox, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, a été fondée au 16ème siècle, par les conquérants espagnols sur un territoire appartenant aux indigènes. Ce fut la 3eme ville de Colombie après Bogota et Carthagène. Son développement et sa richesse sont liés au fait qu'elle est située au bord de la rivière Magdaléna qui prend sa source tout au sud de la Colombie, parcourt 1600 kms avant de se jeter dans la mer des caraïbes.
Les maisons très anciennes sont parfaitement conservées, surtout sur les bords du fleuve. La ferveur religieuse des siècles passés à été à l'origine de la construction de pas moins de 7 églises. Toutes sont dans un très bel état de conservation.
C'est une ville d'art et d'artistes qui vit actuellement du tourisme et de l'artisanat: confection de bijoux en filigrane d'or ou d'argent et confection de rocking chair depuis des temps immémoriaux. La rivière fournit également du travail à ce qui ressemble à des forçats... en effet, nous avons assisté à l'extraction du sable de la rivière. A la main, des hommes munis de longues cannes terminées par un réservoir godillent à longueur de journée pour charger des barques qui seront déchargées sur la berge.
Après avoir flâné pendant 2 jours dans les rues, assisté au match de la Copa América (Colombie Argentine 2/0), on se paie une balade sur la Magdaléna jusque dans les marais de la Ciénaga de Pijino pour observer de nombreux animaux: oiseaux (martin-pêcheurs, cormorans)et iguanes surtout.
De retour à Carthagène, nous passons une dernière nuit dans l'hôtel qui nous a hébergés les 2 premiers jours avant de rejoindre les autres coureurs et le staff, on va prendre le petit déjeuner au cœur de la cité. Juste en face du restaurant, une très jeune fille (19 ans), un bébé d'un an dans les bras et une fille de 3 ans, fait la manche. Nous craquons pour elle... Je lui apporte le stock de vêtements que j'ai apporté en vue de les donner. Quant à Sophie et François, ils vont dans un supermarché acheter un paquet de couches et des lingettes pour le bébé. En discutant avec elle, on apprend qu'elle a fuit le Venezuela voisin, qu'elle vit dans la rue et doit, chaque soir, rechercher un hébergement pour la nuit...
Après l'avoir quittée, nous retrouvons le groupe de "Course autour du monde", installé dans un très bel hôtel avec piscine... saisissant contraste!
Une visite de la ville est planifiée, avec un guide francophone. Cela nous permettra de mieux comprendre l'histoire ancienne et plus récente (celle du temps où l'économie était partiellement basée sur la cocaïne jusque dans les années 2005...). Cette époque serait révolue (nous nous sommes quand même vu proposer de la coco sur une petite place, bondée, à coté d'une église).
De Carthagène, nous empruntons 3 minibus pour nous rendre vers Santa Marta, plus au nord, sur la cote caraïbe. Notre hébergement, pour 3 nuits, est à Minca, à 650m d'altitude où l'air est plus respirable; il y pleut même lorsque nous arrivons! C'est un village réputé pour son écotourisme.
Nous sommes logés dans une structure récente, appartenant au diocèse, à 1 km du centre du village.
Trois étapes, toutes différentes se dérouleront dans cette zone
- la première , une boucle de 20 kms, avec 400m de dénivelé (D+), aura lieu à proximité de Santa Marta sous un soleil voilé avec départ et arrivée dans un complexe hôtelier avec piscine. L'après midi, visite d'une très ancienne ferme de production et de préparation du café.
- la 2ème étape de 23,5 kms (12,5 de montée et 11 de descente) avec 840m de D+, partira et arrivera à la structure. L'après midi, les plus courageux iront se baigner sous des cascades. Le contraste est saisissant entre la température de l'eau et la température de l'air... En soirée, c'est avec attention que l'on écoute notre guide local, français, nous parler de l'histoire, la géographie, la géopolitique de la Colombie...
-la 3ème étape de 11.7kms et 450m de D+ sera un contre la montre sur une boucle partant et arrivant dans un village proche de la "cité perdue", haut lieu chargé d'histoire autour de l'or que possédaient les indigènes, mais que les colons convoitaient.
Après le contre la montre, nous aurons une journée de transport pour gagner notre hébergement en bungalow à Cabo de la Vela pour la 2ème partie du raid; la partie "désert". En chemin, nous traversons Uribia, capitale de la région de la Guajira, région qui "appartient" à un peuple indigène, comme il en existe plusieurs en Colombie. Le peuple de cette région s'appelle les "wayuu" et se prononce voyou! C'est dans cette ville que nous assistons à un spectacle hallucinant: des camions passent du Venezuela en Colombie, réservoir d'essence plein puis sont siphonnés pour revendre le carburant au détail, environ 1 euro de moins le galon soit 2 euros les 5 litres au lieu de 3 euros en Colombie.
Nos bungalow sont situés en bord de mer, carrément sur la plage. Mais baignade impossible car de dangereux rouleaux déferlent, faisant le bonheur de quelques surfeurs et kite-surfeurs.
- la 4ème étape de21 kms est une étape en ligne, à proximité de la mer, et même parfois sur la plage, avec arrivée à l'hôtel.
- la 5ème et dernière étape de 19 kms et 160m de D+ arrivera également à la structure d'accueil par la plage, après avoir parcouru des terrains plus variés que la veille (alternance de pierriers, de sable mou et dur, de passage entre des arbustes épineux...)
Le lendemain de cette 5ème course, dès 7h30, nous reprenons les 4x4 pour revenir sur Riohacha où un bus à 2 étages nous ramènera à Carthagène vers 22 heures, après une très longue route .
Dernière journée libre pour achats de souvenirs et cadeaux, qui se terminera par un tour de la ville dans un énorme bus truck ouvert de tous les cotés, avec musique à tue-tête et lumière psychédélique ... Les nombreux passants se mettent à danser sur les trottoirs à notre bruyant passage. Petite halte pour goûter l'aguardiente (l'alcool local) puis on gagne le restaurant dans lequel sera effectuée la remise des récompenses. Nous sommes accueillis par un orchestre et des danseuses qui nous incitent à nous trémousser sur des airs de salsa, avant de prendre 1 ou plusieurs mojitos et de dîner.
Lors de notre séjour, nous avons été surpris de l'absence de spécialités culinaires fortes, du style bœuf bourguignon en France, saucisses en Allemagne ou paëlla en Espagne... Nos repas étaient composés de riz, de banane plantain frite et de viande (de bœuf, de porc et une seule fois de chèvre) et souvent de poisson que ce soit d'eau douce à Monpox, ou de poisson de mer ailleurs. Enfin, une fois, à Cabo de la Vela, nous avons, pour ceux qui le souhaitaient, pu déguster une langouste!
En ce qui concerne ma course :
- 1ère étape sans problème
-2ème étape laborieuse en raison d'une interminable descente de 11 kms sur laquelle s'est réveillée une ancienne blessure qui m'a obligé à marcher tout le reste du temps ou presque... Ce fut un long calvaire car j'ai été dépassé par presque tous les coureurs.
-3ème étape après 5 kms, je me suis claqué à la cuisse gauche avec palpation d'un hématome, probablement dû au fait que j'ai mal posé correctement le pied droit depuis la veille. Marie, l'infirmière de la course me fait un pansement compressif. A partir de là, je suis condamné à marcher et à ne plus courir
-4ème étape: depuis la 3ème étape, je ne peux plus courir, aussi, je prends les bâtons de marche pour m'imposer un rythme. Je n'avais pas fait 1km qu'un chien vient me mordre par derrière, obligeant le médecin de la course, Didier, à venir désinfecter la plaie et à envisager la réalisation d'une vaccination anti rabique.
C'est après la 5 ème et dernière étape, sans même prendre le temps de me changer que je vais, avec Didier, au dispensaire de Cabo de la Vela puis, de là, en 4x4, jusqu'à l'hôpital d'Uribia, à 1h1/2-2h de pistes défoncées, pour recevoir la première dose, à peine 10 minutes avant la fermeture du centre de vaccination! La deuxième dose sera faite 3 jours après à Carthagène puis les suivantes, en France...
Je termine en 27ème position sur 32 coureurs... quant à Sophie, elle est 16ème et François 23ème
En conclusion
Même si j'ai souffert physiquement, cette Colombie m'a bien plu; surtout comparée à ce que j'en avais comme souvenir de 1994, après une intervention en tant que médecin, lorsque j'étais dans l'association MEDILOR. Nous étions intervenus à la suite d'un séisme en altitude. Ce séisme dévastateur, vers La Plata, avait essentiellement touché les indiens Paës, peuple indigène des environs de Cali, au sud du pays. La zone n'était, à l'époque, absolument pas pacifiée, avec de violents affrontements entre narcotrafiquants et police et entre FARC et militaires...
Merci à tout le staff et à Laetitia, la représentante de l'agence ITK en Colombie.