Comme dans le Cid:
" Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage....
En fait, nous partîmes jeudi 26 juin, à 3 de Gy (Manue, Gérald et moi) et reçûmes les renforts de Maria, Christian, Dominique, Denis et sur une autre course, de Valéry. L'armée des Chauffe(s) la Semelle était pour cette épreuve, au complet.
L'expédition n'avait rien de guerrière; il s'agissait seulement de faire le tour du Golfe du Morbihan (177kms) dont l'embouchure, entre Locmariaquer et Port Navallo, mesure 800 mètres.
Rien ne nous fut épargné et nous pouvons affirmer que chaque recoin en a été exploré!!!
A 17 heures, vendredi 27, nous étions 837 à nous élancer du port de Vannes, pour relever ce défi.
La météo était plutôt favorable, mais la marée haute allait nous jouer des tours, à 18 kms du départ, nous obligeant, alors que nous longions un haut mur, à descendre dans l'eau, non sans avoir ôté nos chaussures de course (sauf pour quelques uns qui ont préféré les garder; n'est ce pas Dominique!).
Dès ce 18ème km, des grappes de coureurs se formèrent, soit par affinité, soit parce que la vitesse de course était identique.
C'est donc par le coté le plus accidenté du Golfe que nous débutons cette aventure. Après Arradon et son bain de pied (salé) nous gagnerons Larmor Baden (37ème km ) où se situait un ravitaillement conséquent avec plat chaud, puis Le Bono (56ème km) et son joli port au pied du "vieux pont" .
Là, ravitaillement léger et contrôle des sacs de course, pour vérifier la présence du matériel obligatoire (portable, lampe frontale, veste de pluie, couverture de survie, sifflet, bande d'élasto, réserve d'eau et d'aliments, brassard réfléchissant....).
C'est en repartant du Bono, sur ordre des commissaires qui avaient contrôlé mon sac, que j'allumai ma frontale. Après traversée du vieux pont sur lequel la fanfare se faisait entendre, et sous une haie de spectateurs ( dont Isabelle et Benoit, mes belle sœur et beau frère qui nous ont hébergés). Direction le port de Saint Goustan, en longeant la rivière d'Auray , puis Crac'h (71ème km), non sans avoir gravi les remparts d'Auray où, de façon vicieuse, un pointage était effectué!
Après Crac'h, c'est l'embarcadère de Locmariaquer au km 88.5 que nous rejoignons.
J'y arrive à 3h50 heures du matin, samedi... et par chance, pas d'attente, une embarcation est à quai, attendant les coureurs pour traverser cette embouchure dans laquelle règnent de très très forts courants. Le Golfe s'emplissant et se vidangeant au gré des marées.
Jusque là, pas de pluie, fraicheur supportable, donc tee shirt de rigueur. Pour la traversée, nous retirons nos sacs de course et revêtons un poncho et un gilet de sauvetage. Alors que nous venions tout juste de quitter le ports, un "grain" nous arriva dessus. Cette pluie glaciale ne nous dérangea pas tant que nous étions en mer; mais au débarcadère, il fallu rendre poncho et gilet!!! nous laissant à moitié nus sous cette ondée.
En l'absence d'abri proche, nous fumes obligés, en grelottant, de courir sous un abribus pour ouvrir nos sacs et revêtir nos coupe vent sur les tee shirt mouillés.
C'est tous muscles tétanisés qu'il fut nécessaire de courir sur 5km, jusqu'à Arzon (94ème km de course) où le 2ème poste de ravitaillement servant des repas chauds était installé dans un immense gymnase. Nos sacs de mi-course y étaient entreposés, nous permettant de nous changer de pied en cape après avoir été arrosés plus d'une heure durant entre le port et cet abri. Les kiné, podologues et ostéo présents à cet endroit ne chômaient pas!
Cependant, comme à mon habitude aux postes de ravitaillement, juste après m'être restauré et changé, je repartis rapidement; quoique rapidement soit un grand mot, mes cuisses tétanisées par le froid et la pluie, qui continuait de tomber, refusant de courir plus de 5 minutes. C'est donc en alternant marche rapide et course (lente) que je me hâtai vers la ligne d'arrivée encore distante de plus de 80km.
Il faisait jour, on ressemblait plus à des zombies qu'à des coureurs à pied. Quelques raideurs avaient cependant encore la force de courir.
J'avais profité de la possibilité de dépôt de sac à Arzon pour y placer des bâtons de course qui me seraient bien utiles pour cette seconde partie; du moins le croyais je, car je n'avais fait que quelques km lorsque je cassai l'extrémité d'un des 2 bâtons (pourtant achetés chez Intersport en début de semaine!!!). Il était 6 heures du matin samedi, j'étais seul au milieu de nulle part. Je pris mon téléphone pour appeler Nicolas, mon fils qui habite à Vannes, afin qu'il se procure et m'apporte une nouvelle paire de bâtons à Sarzeau; ce qu'il fit!
Sarzeau (120ème km) était la dernière halte important avant l'arrivée. Des plats chauds (pates ou purée-jambon) y étaient proposés. Les kiné et podo étaient là aussi très occupés, car la distance parcourue et les conditions de course avaient fait des dégâts sur les muscles, les tendons et aux pieds (ampoules et plaies douloureuses surtout).
A partir de Sarzeau, impossible de courir; c'est donc en marche rapide , avec les bâtons que Nicolas avait pu se procurer à l'ouverture du village du raid installé sur le port de Vannes, que je repartis. Un rapide calcul me permis d'approcher l'heure de mon arrivée, vers 21h ( il me restait 57km et j'avançais à 5km/h). Vers 18h, voyant que mon allure faiblissait, je fis à nouveau appel à Nicolas, pour qu'il vienne à ma rencontre et se poste à 3 mètres devant moi pour m'imposer un rythme. A partir du moment où il m'a rejoint, je n'ai plus quitté ses talons du regard et c'est ainsi que j'ai gagné la ligne d'arrivée en 27h48mn; soit près de 3 heures de moins qu'en 2007.
Comme je l'ai dit en préambule, nous étions 7 inscrits sur le grand raid
Jean-Luc Boiteux: 27h48 214ème et 56ème V2H
Dominique Hocbon: 33h27 426ème et 37ème V3H
Maria Charton: 36h17 496ème et 13ème V2F
Manue Rochet-Blanc: 38h16 526ème et 16ème V1F
Denis Paquelet: 38h29 533ème et 140ème V2H
Christian Lemonier: 38h29 534ème et226ème V1H
et Gérald Rochet-Blanc arrêté par le médecin de la course à Séné au154ème km, en raison d'une sévère tendinite des releveurs du pied, non finisher, mais classé 629ème et 167ème V2H.
Notre équipe de Chauffe la Semelle, engagée sur le challenge termine en 15ème position sur 64 équipes engagées!!!
20 féminines engagées sur 72 et 229 hommes sur 765 ont abandonné...
Je ne veux pas oublier notre ami Valéry Pineau des 2 Sèvres, adhérent à l'association et fidèle coureur du Trail de Gy qui était sur le 56km; finisher en 6h38 385ème et 167ème V1H.
Sur les quelques photo qui illustrent ce petit compte rendu, vous pourrez peut être reconnaitre quelques "pieds" d'ultra runners dont la semelle a chauffé... La palme revenant sans nul doute à Christian qui a du, mardi, soit 2 jours après la fin de la course, se rendre au bureau en costume cravate et...crocs!
Si vous voulez d'autres info ou si ça vous tente de vous engager sur une prochaine édition, visitez le site: http://www.raid-golfe-morbihan.org/
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